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Par lumieredesombres le 22 Août 2006 à 22:16
Quand vient le temps
Le moment d'aimer
On a vingt ans
On veut tout croquer
En même temps
C'est le temps
Entre deux baisers
Des éternels serments
C'est l'âge de se marier
Pour avoir des enfants
Et l'on a trente ans
Un appartement
Acheté à crédit
Puis un amant
Pour changer du mari
Les enfants ont grandi
Le mari bedonnant
Fait des mots croisés
Et l'on s'ennuie devant la télé
Puis le temps vient
Où l'on devient
Pilier de patisserie
Mémêre d'canari
Ou de caniche nain
Et il y a deux vieux
Ridés et grincheux
Ils somnolent tous deux ensemble.
Leurs mains tremblent
Pour boire le tilleul
Tassés dans un fauteuil.
Le temps leur fait du tort
Et quand ils seront morts
Retirés du décor de la vie
On dira d'eux
Ils furent heureux
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Par lumieredesombres le 22 Août 2006 à 11:22
I
Ainsi, quand Mazeppa, qui rugit et qui pleure,
A vu ses bras, ses pieds, ses flancs qu'un sabre effleure,
Tous ses membres liés
Sur un fougueux cheval, nourri d'herbes marines,
Qui fume, et fait jaillir le feu de ses narines
Et le feu de ses pieds;Quand il s'est dans ses nœuds roulé comme un reptile,
Qu'il a bien réjoui de sa rage inutile
Ses bourreaux tout joyeux,
Et qu'il retombe enfin sur la croupe farouche,
La sueur sur le front, l'écume dans la bouche,
Et du sang dans les yeux,Un cri part; et soudain voilà que par la plaine
Et l'homme et le cheval, emportés, hors d'haleine,
Sur les sables mouvants,
Seuls, emplissant de bruit un tourbillon de poudre
Pareil au noir nuage où serpente la foudre,
Volent avec les vents !Ils vont. Dans les vallons comme un orage ils passent,
Comme ces ouragans qui dans les monts s'entassent,
Comme un globe de feu;
Puis déjà ne sont plus qu'un point noir dans la brume,
Puis s'effacent dans l'air comme un flocon d'écume
Au vaste océan bleu.Ils vont. L'espace est grand. Dans le désert immense,
Dans l'horizon sans fin qui toujours recommence,
Ils se plongent tous deux.
Leur course comme un vol les emporte, et grands chênes,
Villes et tours, monts noirs liés en longues chaînes,
Tout chancelle autour d'eux.Et si l'infortuné, dont la tête se brise,
Se débat, le cheval, qui devance la brise,
D'un bond plus effrayé
S'enfonce au désert vaste, aride, infranchissable,
Qui devant eux s'étend, avec ses plis de sable,
Comme un manteau rayé.Tout vacille et se peint de couleurs inconnues
Il voit courir les bois, courir les larges nues,
Le vieux donjon détruit,
Les monts dont un rayon baigne les intervalles;
Il voit; et des troupeaux de fumantes cavales
Le suivent à grand bruit.Et le ciel, où déjà les pas du soir s'allongent,
Avec ses océans de nuages où plongent
Des nuages encor,
Et son soleil qui fend leurs vagues de sa proue,
Sur son front ébloui tourne comme une roue
De marbre aux veines d'or.Son œil s'égare et luit, sa chevelure traîne,
Sa tête pend; son sang rougit la jaune arène,
Les buissons épineux;
Sur ses membres gonflés la corde se replie,
Et comme un long serpent resserre et multiplie
Sa morsure et ses nœuds.Le cheval, qui ne sent ni le mors ni la selle,
Toujours fuit, et toujours son sang coule et ruisselle,
Sa chair tombe en lambeaux;
Hélas ! voici déjà qu'aux cavales ardentes
Qui le suivaient, dressant leurs crinières pendantes,
Succèdent les corbeaux !Les corbeaux, le grand-duc à l'œil rond, qui s'effraie,
L'aigle effaré des champs de bataille, et l'orfraie,
Monstre au jour inconnu,
Les obliques hiboux, et le grand vautour fauve
Qui fouille au flanc des morts, où son col rouge et chauve
Plonge comme un bras nu !Tous viennent élargir la funèbre volée;
Tous quittent pour le suivre et l'yeuse isolée
Et les nids du manoir.
Lui, sanglant, éperdu, sourd à leurs cris de joie,
Demande en les voyant : Qui donc là-haut déploie
Ce grand éventail noir ?La nuit descend lugubre, et sans robe étoilée.
L'essaim s'acharne, et suit, tel qu'une meute ailée,
Le voyageur fumant.
Entre le ciel et lui, comme un tourbillon sombre,
Il les voit, puis les perd, et les entend dans l'ombre
Voler confusément.Enfin, après trois jours d'une course insensée,
Après avoir franchi fleuves à l'eau glacée,
Steppes, forêts, déserts,
Le cheval tombe aux cris des mille oiseaux de proie,
Et son ongle de fer sur la pierre qu'il broie
Éteint ses quatre éclairs.Voilà l'infortuné gisant, nu, misérable,
Tout tacheté de sang, plus rouge que l'érable
Dans la saison des fleurs.
Le nuage d'oiseaux sur lui tourne et s'arrête;
Maint bec ardent aspire à ronger dans sa tête
Ses yeux brûlés de pleurs.Eh bien ! ce condamné qui hurle et qui se traîne,
Ce cadavre vivant, les tribus de l'Ukraine
Le feront prince un jour.
Un jour, semant les champs de morts sans sépultures,
Il dédommagera par de larges pâtures
L'orfraie et le vautour.Sa sauvage grandeur naîtra de son supplice.
Un jour, des vieux hetmans il ceindra la pelisse,
Grand à œil ébloui;
Et quand il passera, ces peuples de la tente,
Prosternés, enverront la fanfare éclatante
Bondir autour de lui !II
Ainsi, lorsqu'un mortel, sur qui son dieu s'étale,
S'est vu lier vivant sur ta croupe fatale,
Génie, ardent coursier,
En vain il lutte, hélas ! tu bondis, tu l'emportes
Hors du monde réel, dont tu brises les portes
Avec tes pieds d'acier !Tu franchis avec lui déserts, cimes chenues
Des vieux monts, et les mers, et, par delà les nues,
De sombres régions;
Et mille impurs esprits que ta course réveille
Autour du voyageur, insolente merveille,
Pressent leurs légions.Il traverse d'un vol, sur tes ailes de flamme,
Tous les champs du possible, et les mondes de l'âme;
Boit au fleuve éternel;
Dans la nuit orageuse ou la nuit étoilée,
Sa chevelure, aux crins des comètes mêlée,
Flamboie au front du ciel.Les six lunes d'Herschel, l'anneau du vieux Saturne,
Le pôle, arrondissant une aurore nocturne
Sur son front boréal,
Il voit tout; et pour lui ton vol, que rien ne lasse,
De ce monde sans borne à chaque instant déplace
L'horizon idéal.Qui peut savoir, hormis les démons et les anges,
Ce qu'il souffre à te suivre, et quels éclairs étranges
A ses yeux reluiront,
Comme il sera brûlé d'ardentes étincelles,
Hélas ! et dans la nuit combien de froides ailes
Viendront battre son front ?Il crie épouvanté, tu poursuis implacable.
Victor Hugo
Pâle, épuisé, béant, sous ton vol qui l'accable
Il ploie avec effroi;
Chaque pas que tu fais semble creuser sa tombe.
Enfin le terme arrive... il court, il vole, il tombe,
Et se relève roi !Mai 1828.
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Par lumieredesombres le 21 Août 2006 à 13:35
Ma petite compatriote,
M'est avis que vous veniez ce soir
Frapper à ma porte et me voir.
Ô la scandaleuse ribote
De gros baisers - et de petits,
Conforme à mes gros appétits !
Mais les vôtres sont ils si mièvres ?
Primo, je baiserai vos lèvres,Toutes !
C'est mon cher entremets
Et les manières que j'y met,
Comme en toute chose vécues,
Sont friandes et convaincues.
Vous passerez vos doigts jolis
Dans ma flave barbe d'apôtre
Et je caresserai la votre,
Et sur votre gorge de Lys,
Où mes ardeurs mettront des roses,
Je poserai ma bouche en feu,
Mes bras se piqueront au jeu,
Pâmés autour des bonnes choses
De dessous la taille et plus bas,
Puis mes mains, non sans fols combats
Avec vos mains mal courroucées,
Flatteront de tendres fessées
Ce beau derrière qu'étreindra
Tout l'effort qui lors bandera
Ma gravité vers votre centre...
A mon tour je frappe. Ô dis : Entre !
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Par lumieredesombres le 20 Août 2006 à 08:54
... C'est qu'ils portent en eux, les arbres fraternels,
Tous les débris épars de l'humanité morte
Qui flotte dans leur sève et, de la terre, apporte
A leurs vivants rameaux ses aspects éternels.
Et, tandis qu'affranchis par les métamorphoses,
Les corps brisent enfin leur moule passager,
L'Esprit demeure et semble à jamais se figer
Dans l'immobilité symbolique des choses.Armand Sylvestre (1837-1901)
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Par lumieredesombres le 20 Août 2006 à 08:22
Le premier moment de l'amour
Il est sacré pour moi, c'est mon premier beau jour,
<?xml:namespace prefix = o ns = "urn:schemas-microsoft-com:office:office" />Le seul dont je me plaise à fêter le retour,Ce jour heureux où ta présence
Ouvrit mon cœur paisible au trouble de l'amour,Et d'un bien inconnu m'apporta l'espérance.
J'assistais, attentive, à ce concert fameux
Où de Saint-Huberty de la voix mélodieuse,Où du célèbre Raul la flûte harmonieuse
Des transports de Vénus exhaltaient tous les feux.
Muette, étonnée, attendrie,
Je m'abandonnais doucement
A cette vague rêverie
Qui pour une âme neuve est presque un sentiment.
Un son voluptueux qui meurt à mon oreille
Me fait tressaillir malgré moi :
Je lève mes regards; ils s'arrêtent sur toi.
Je doute un instant si je veille.
Ce front majestueux, ce regard séducteur,
Et ce sourire plein de douceur,
Et cette auréole de gloire
Dont resplendit l'amant des filles de Mémoire,
Portent le délire en mon cœur.
Que ne va point rêver ton amante trop vaine !Je crois d'abord, je crois que le maître des dieux,
Revêtant une forme humaine,
Pour m'éblouir quitte les cieux.
Que dis-je ? Jupiter semble moins radieux
Alors que, triomphant d'une nymphe éperdue,Sur son char orgueilleux il sillonne la nue;
Mars, du sein de Cypris s'élançant au combat,A moins de grâce, moins d'éclat.
Délicieusement émue,
En silence sur toi j'ose attacher ma vue.Mais, ô combien s'accroit mon désordre enchanteur,
Lorsque, cédant aux voeux d'un monde admirateur,Ta voix, plus douce encor qu'une douce musique,
Nous révèle Apollon, qui sur sa lyre d'or
Des beautés de son art déroule le trésor !
Pour te mieux écouter, je retiens mon haleine.
Tu cesses de chanter, une ivresse soudaine
Fait circuler au loin un murmure flatteur :Chaque applaudissement retentit dans mon coeur ;
C'est là que sont gravés et tes vers et toi-même.Dieux ! combien je jouis d'admirer ce que j'aime,
D'entendre son éloge en tous lieux répété,
Et de sentir déjà ton immortalité !
Hélas ! Ce seul bonheur permis à ma tendresse,
J'en veux jouir du moins jusqu'à mon dernier jour.
Je dois te cacher mon amour;
Mais je le chanterai sans cesse
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