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Par lumieredesombres le 14 Novembre 2006 à 17:41
Dîtes moi d'où vient ce phénomène qui mène tout droit à l'impasse
Qu'est-ce qui se passe, je vois plus les traces, je reconnais plus mon espace
Espacez-vous, écartez-vous, dîtes moi où est la lumière
J'ai besoin d'aide encore une fois et ce sera pas la dernière
Je ne vois plus où je mets les pieds, ne me dîtes pas que c'est normal
Tout ce que je respire est inquiet, je sais plus ce qu'est bien et ce qu'est mal
C'est la pénombre qui règne comme si le soleil était mort-né
Messieurs Dames aujourd'hui, il a fait nuit toute la journée
Je n'ai pas senti de chaleur s'épanouir au-dessus de nos têtes
Je n'ai vu aucune lueur venir frapper à nos fenêtres
Je ne sais pas si je dois attendre que la nuit se lève ou que le jour tombe
Mais depuis 24 heures, il fait nuit comme dans une tombe
Je vois plus les oiseaux s'envoler, tous ces petits trucs qui m'émerveillent
Je sens plus les nuages s'enrouler, le soleil a perdu son réveil
Si ça se trouve c'est grave la terre s'est peut-être arrêtée de tourner
Messieurs Dames aujourd'hui, il a fait nuit toute la journée
Pourtant les gens autour de moi n'ont pas l'air d'être étonnés
Comment ça se fait, réagissez mais arrêtez de déconner
Suis-je le seul à me rendre compte de la hauteur du danger
La lune nous nargue en plein midi ça n'a pas l'air de vous déranger
Est-ce que ça se passe vraiment ou est-ce seulement dans mon cerveau
Tout ça me paraît bien réel mais je ne sais plus ce que ça vaut
Est-ce un voile devant mes yeux, est-ce qu'il fait nuit dans ma tête
J'ai l'impression que le monde est vieux et qu'y a que moi que ça inquiète
Est-ce le prix du quotidien et le poids de la lassitude
Il a fait nuit toute la journée mais ce n'est plus une certitude
Peut-être que tout va bien et que l'instant n'a rien de fatal
Et qu'il y a simplement un peu trop de poussière dans mon mental
Maintenant il faut que je me reprenne et que j'arrête mes histoires
J'attends que le soleil se lève à nouveau dans mon espoir
Mais je n'oublie pas qu'il est possible que ce soit l'hiver toute l'année
Comme il se peut que ce jour là, il ait fait nuit toute la journée
Le poète est un grand mytho qui s'invente des thèmes
Pour faire rire, pour faire pleurer, pour qu'on lui dise je t'aime
Pour un bon mot il est prêt à tout, le poète est un malade
Ne le croyez pas surtout, il ne raconte que des salades
Moi je me prends pour un poète parce que je rappe sans instru
Il a fait nuit toute la journée, j'espère que vous ne m'avez pas cru
Ce n'est qu'un thème de plus pour mentir impunément
Je pense donc je suis, j'écris donc je mens
Y'a plus de repères dans mes histoires et tout ce que je dis peut être factice
Dans mon prochain texte, je vous ferai croire que je courre plus vite que Carl Lewis
Mais attention, soyez prudents, car si jamais vous m'applaudissez
C'est que ça vous plaît quand je mens... donc je vais sûrement recommencer(© Grand Corps Malade, 2005)
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Par lumieredesombres le 13 Novembre 2006 à 22:56
Dans un petit jardin
Pas plus grand qu'un bassin
ou plutôt qu'une bassine
Il y a une glycine
Qui court sur la clôture
Faite d'un long et vieux mur.
Le jardin en friche
Complètement s'en fiche.
L'herbe monte aux genoux
Au sol, les capucines
S'emmêlent et se nouent
Sur les pierres et les cailloux.
Le jardin en prison
Qui a pour horizon
Et unique raison
Les toits de deux maisons,
Apreçoit les saisons,
Le soleil vagabond
Dans le soir rouge et brun
Mon jardin sent le thym
Et puis le romarin.
On marche sur le plantain,
On arrache quelques brins
De ses feuilles satins.
Farouchement, les rosesMulticolores, s'éclosent.
Des papillons s'y posent
Longuement se reposent
Puis s'en vont sur un lys
En frôlant les iris.
Il y a la verveine
Soignant les maux et les peines,
Dont la senteur des veines
Imprègne de toute part
De son parfum bizarre
De citronelle rare.
Un coin d'hortensias,
Une bordure de thuyas
Et de blancs pétunias
Tendrement encombrent
Un espace sombre
Et noyé dans l'ombre.
Sur une marche un lézard
Venu à tout hasard,
Rapidement inspecte
Vite, en tournant la tête
En cherchant les insectes
Dont il se délecte.
Enfin, loin de la ville
Tout est calme et tranquille.
Par les herbes, envahi,
Sous le soleil qui rit,
Le jardin s'assoupit
Solitaire, insoumis
Lumière des Ombres
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Par lumieredesombres le 11 Novembre 2006 à 19:02
Il y aurait la terre
Tournoyant à l'envers
Sur le dos de l'aurore enrhumée de sorbets
Il y aurait le ciel
Flamboyant comme l'eau
Et le feu coulerait à la place du ciel
Il y aurait le vent
Echappé d'une étoile
Et les astres soufflant au rythme du Mistral
Il y aurait de l'or
Perlé d'une reliure
Qui tomberait au sable bleu de nos hivers
Il y aurait l'argent
Qui brille sans le lucre
Pour s'épandre en flocons aux neiges de nos vers
Il y aurait des fruits
Gorgés de sel de mer
Et des rameaux de houx aussi doux que la soie
Il y aurait du temps
Pour mourir à l'endroit
Sur une balancelle en zeste de citron
Il y aurait...
Une épingle à cheveux pour recoiffer le monde
Une brosse d'embruns pour peigner les nuages
Une pluie avalée de mille sucres d'orge
La frange de nos yeux pour rayons de soleil
Nos lèvres dessinées en deux croissants de lune
Une dernière coupe à boire pour la faim !Un joli texte dont vous trouverez l'origine ci-dessous
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Par lumieredesombres le 4 Novembre 2006 à 09:10
Nous deux nous tenant par la main
Nous nous croyons partout chez nous
Sous l'arbre doux sous le ciel noir
Sous tous les toits au coin du feu
Dan la rue vide en plein soleil
Auprès des sages et des fous
Parmi les enfants et les grands
L'amour n'a rien de mystérieux
Nous sommes l'évidence même
Les amoureux se croient chez nous.Paul Eluard (1951)
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Par lumieredesombres le 3 Novembre 2006 à 21:39
Le goût du néant
Morne esprit, autrefois amoureux de la lutte,
L'Espoir, dont l'éperon attisait ton ardeur,
Ne veut plus t'enfourcher ! Couche-toi sans pudeur,
Vieux cheval dont le pied à chaque obstacle butte.
Résigne-toi, mon cœur ; dors ton sommeil de brute.
Esprit vaincu, fourbu ! Pour toi, vieux maraudeur,
L'amour n'a plus de goût, non plus que la dispute ;
Adieu donc, chants du cuivre et soupirs de la flûte !
Plaisirs, ne tentez plus un coeur sombre et boudeur !
Le Printemps adorable a perdu son odeur !
Et le Temps m'engloutit minute par minute,
Comme la neige immense un corps pris de roideur ;
Je contemple d'en haut le globe en sa rondeur
Et je n'y cherche plus l'abri d'une cahute.
Avalanche, veux-tu m'emporter dans ta chute ?Charles BAUDELAIRE (1821-1867)
(Recueil : Les fleurs du mal)3 commentaires
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