• J'avais à peine seize ans


    Et jouant avec le vent


    Soufflant, impertinent


    la nature accueillante


    Veillait bienveillante.



    Dans ce temps enfantin,


    Arriva le destin


    Qui peut être main,


    Plus qu'adolescent,


    Tu n'avais pas vingt ans.



    Ton regard indulgent


    Insoucieux des gens,


    Ton air intransigeant,


    Altier, insolent


    Se montrait exigeant,



    Me rendait hommage


    Sans aucun langage.


    Pourtant fille sage,


    Je ressentis le choc


    D'un élan réciproque.



    D'une mine étonnée


    Je me suis mutinée,


    Raide, comme amidonnée,


    Je fixais, entêtée,


    Mes pieds, désemparée.



    Ton grand rire joyeux


    Résonna vers les cieux


    Puissant et radieux


    A cet instant là


    Ton cœur m'ensorcela.



    Le mien fut en prison


    En perdant la raison


    Qu'elle était la saison ?


    Je ne m'en souviens pas,


    Le soir venait déjà.



    Entrant dans mon espace


    Avec beaucoup d'audace,


    J'ai senti une menace,


    Puis dans l'âme une épine


    D'une douleur divine.



    Alors sans réprimer


    Un sourire, un baiser,


    Me donna, tout léger


    Comme pour effacer


    Ma crainte irraisonnée.



    Subitement surpris


    Et soudain attendri


    Alors tu as compris


    Mon inexpérience,


    Qui fit ma réticence.


    Bien sur ce baiser là


    Etait une première fois.


    Tu me l'avais appris


    Nous nous sommes épris


    Et je l'ai su aussi.



    Tu m'as laissée grandir,


    Et puis m'épanouir,


    Réfrénant ton désir.


    Apres un long hiver


    Fleurit le primevère.



    Alors celle d'hier


    Découvrit les mystères


    De la tentation


    Et des interdictions


    Sous ta séquestration.



    N'ayant pas eu de brides


    J'étais intrépide


    Très vive et avide.


    Tu étais soucieux,


    Parfois, même furieux.



    Je connaissais tes vœux


    Je faisais des aveux.


    Tu te montrais fougueux.


    Nous étions bienheureux,


    Aux moments délicieux.



    Mon corps devint curieux


    Le tien fut impérieux.


    Tu murmuras : je veux !


    Je tendis mes lèvres


    Brûlantes de fièvre.



    J'écoute ta supplique


    Presque je te griffe.


    Ensuite sans défense


    Je suis l'obéissance


    Jusqu'à l'indécence.



    Et mes sens endormis


    Comme par une magie,


    S'entrouvrent tels une corolle.


    Mes pensées s'envolent


    Frivoles, elles caracolent.



    Goulûment, je flaire


    L'odeur chaude de ta chair.


    Tu décides davantage,


    Alors je t'encourage


    En t'offrant l'avantage.Toute à ta fantaisie


    Puisque tu m'as choisie,


    Je me fais tentatrice


    Entière à ton caprice


    Folle adulatrice.


    Tu es l'unique vainqueur


    Et tu soupires moqueur.


    Ta marque implacable


    Est ineffaçable


    Surtout ineffable.



    L'amour suivit son cours


    Et avec maints détours


    Oubliant sa jeunesse


    Apportait la tristesse


    Pour mieux jouir des liesses.



    Aucun souvenir flou


    Je suis à tes genoux


    Pour calmer le jaloux.


    Je suis ta complice,


    Oublies ton supplice.



    Je suis une hirondelle,


    Mais jamais infidèle


    Quand tu me rappelles


    Je viens à ton appel


    Oubliant nos querelles.



    Quand je te vois volage


    Tout mon être se ravage


    J'ai envie de carnage.


    Je me retrouve sauvage


    Pour détruire ton mirage.



    Ne soyons pas parjure.


    Je t'en prie, t'en conjure,


    Ne soyons pas meurtris.


    L'amour n'a pas de prix


    Alors qu'il nous a pris.



    Pourquoi chercher ailleurs ?


    Nous avons le meilleur


    Chassons tous les soupçons


    De stupides trahisons


    Qui laissent des pinçons.



    Quand les autres nous tracassent


    Et nous font des grimaces


    Regardons les en face


    Toi et moi enlacés


    Pour nous débarrasser.



    Regardons l'horizon


    Sans nulle déraison


    Avec quelques frissons


    Sur nos peaux très proches


    Et qui encore s'approchent



    Sans cesse la vie s'enfuit


    Viens ! Nous avons des fruits


    Doux, à mordre sans bruit.


    Le soleil lance des feux


    Nous embrase tous les deux.



    On se connaît par cœur


    Ayant chassé nos peurs


    Nos corps cherchent à se plaire,


    Pour surtout se complaire,


    Dans la nuit éphémère.



    L'amour est aventure


    L'amour doit rester pur,


    Sans aucune rature.


    Donnons nous cette gageure,


    Je t'aime, je te le jure !


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  • Toutes mes larmes, mes blasphèmes et mes plaintes,
    Ne sont tous, que les cris qui restent sans écho,
    De mon âme noire perdue dans le labyrinthe
    De l'éternité qui sera mon seul tombeau.

    Pourtant quand tes beaux yeux, si tendres et si purs,
    Me sauvent de ce piège et me donnent l'espoir,
    C'est de leurs doux reflets, comme d'une royale parure,
    Que je tire mon salut, que meurt mon désespoir.

    Mais la mort, ta rivale et pourtant mon amie,
    Comme une jeune femme, je l'aime et la désire.
    Elle me veut près d'elle, m'appelle sans répit,
    Et de m'en détacher je ne puis réussir.

    Mon cœur est déchiré entre vos deux amours :
    Toi, ma vie, source de bonheur et de lumière.
    Et Toi, ma mort, fatal voyage sans retour.
    Aucune ne doit souffrir, c'est là ma seul prière.

    Mais tu sais comme moi que la mort va gagner.
    Parée de ta douleur, tu porteras mon deuil.
    Pour ton dernier baiser, il ne faut pas pleurer,
    Pour ce dernier hommage auprès de mon cercueil.

    A l'heure des adieux, tu n'auras pour image
    Que ma mort dans tes yeux. Tu seras là debout
    Et seul ta pitié te donnera le courage
    De regarder mon corps, de le faire sans dégoût.

    Et si tu le fait, Oui ce sera par pitié
    Car ton amour pour moi, au delà de mes cendres,
    Ne me survivra pas. C'est une vérité
    Que tu ne peux cacher et que je dois comprendre.



    Maudit à tout jamais, mon vieux corps inutile
    S'en ira voguer dans une aurore funèbre
    Car c'est le seul destin de mon âme stérile,
    De voir les paysages du pays des ténèbres.

    Des hommes hypocrites diront qu'il est injuste
    De voir, ainsi, la mort venir voler ma vie.
    Que j'étais jeune et beau, et sans doute robuste,
    Qu'ils ne m'oublieront pas, que j'étais leur ami.

    Ces mensonges odieux, comme moi tu le sais,
    Ne seront que les mots de leurs âmes fanées,
    Tourmentées par le remord de n'avoir jamais
    Su aimer, être aimé ou dire la vérité.

    Comme tous les défunts, je me verrai paré,
    Sur le seuil de ma tombe, et celui du néant,
    De toutes les beautés, des plus belles qualités,
    Que possèdent les morts, que n'ont pas les vivants.

    Je ne peux éviter l'hypocrisie triviale
    Qu'engendrera ma mort et fera frissonner
    " Les anges du Pardon ", jury du tribunal
    Où je serai jugé et, bien sur, condamné.

    Je ne connaîtrais pas les doux cieux azurés
    Du paradis promis aux hommes pardonnés.
    Ô Dieu, Toi que j'ai tant prié, tant espéré,
    Je ne peux expier loin de ta divinité.

    Car pour tous mes pécher, je serai rejeté.
    Ma pauvre âme vaincue n'aura pour seule lumière
    Que les flammes, brûlantes, du feu des damnés.
    Que Satan entretien dans le sein des enfers.

    Cadavre abandonné, et déjà oublié,
    Mon âme devra errer pour toute l'éternité.
    Je trouverai la paix si je suis pardonné.
    Ô Dieu que je vénère, j'implore ta pitié.


     


     


    Francis PILLOT


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  •  


    Vois-tu venir sur le chemin la lente, l'heureuse,


    Celle que l'on envie, la promeneuse?


    Au tournant de la route il faudrait qu'elle soit


    Saluée par de beaux messieurs d'autrefois.


    Sous son ombrelle, avec une grâce passive,


    Elle exploite la tendre alternative:


    S'effaçant un instant à la trop brusque lumière,


    Elle ramène l'ombre dont elle s'éclaire.


     


    Rainer Maria Rilke  -   Vergers


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  • C'était une fessée lumineuse, flamboyante! le derrière embrasé et pourtant consentant, gigotait en tous sens pour échapper à l'emprise de la sévère correction qui lui était administrée. Comme deux anguilles se glissant parmi les algues sous-marines, les deux fesses malmenées se tortillaient, se balançaient, se crispaient, se relâchaient puis se tendaient dans une danse sauvage et primitive en l'honneur d'un dieu brutal. Se levant, puis s'abattant au rythme de ses caprices sur les rondeurs charnues, la main ferme du fesseur en orchestrait la danse, et chaque coup qui tombait entraînait un nouveau tortillement, toujours plus marqué, toujours plus accentué que le précédent.

    Impuissante à soulager le feu qui s'abattait sur sa croupe fragile, la malheureuse victime ressentait la cuisante brûlure se propager dans le bas de son dos; et ses trémoussements aussi vains qu'inutiles, ne faisaient qu'augmenter l'ardeur du correcteur, lequel, se délectant du spectacle charmant, tapait à tour de bras les fesses tremblotantes. Son et lumière des claques crépitantes sur le postérieur écarlate!


    Et pendant tout ce temps, la victime allongée sur les genoux de son bourreau, présentant ses deux globes fessiers à la main punitive, tout en demandant grâce à voix haute à son châtieur insensible, se disait à soi-même : « Tout compte fait, ce n'est pas si désagréable que cela, de se faire fesser! »


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  • Dans le temps, avant les ordinateurs, avant les stylo feutres même, on disait "tu me feras cent lignes". Aujourd'hui, tu as décidé de te faire instituteur.


    Tu as gardé les cent (à moi de les compter).


    Tu as gardé les lignes (à toi de les dessiner).


    La suite nous dira comment et pourquoi tu as souhaiter rajouter quelques signes de ponctuation à cette page qui n'était pourtant plus blanche depuis longtemps, depuis tes premiers assauts.


    Tout avait commencé de la plus délicieuse manière. Tu m'avais enveloppée dans tes bras, serrée, avant de soulever ma longue robe de laine d'un geste sec et furibard. Fesses nues j'étais pourtant, mais le froid et l'humidité d'un automne trop précoce dans un appartement pas encore chauffée m'avaient obligé à un collant de laine. Je me doutais que cela me vaudrait une fessée, une de ces râclées sonnantes que j'affectionne, qui me rassurent, qui m'excitent, qui m'enveloppent, qui me rendent si femme tout en me projetant en enfance, qui me rendent si animale et tellement humaine à la fois. De ta main nue à mon cul, c'est une farandole sensuelle de sons, de chaleur, de plaisir, de douleur. J'aime le premier coup comme j'aime la dernière caresse, et je pourrais passer des heures à subir ce flamboyant tourment.


    Cette fessée particulièrement mémorable parce que longue et écarlate n'a fait que retarder le moment où tu m'a offert ce livre. Tu l'avais choisi pour moi, nous en avions parlé ensemble, mais je l'avais oublié.


    Comme nous l'avons fait une fois déjà, tu m'as demandé de lire un passage dont tu avais marqué les pages. Je le découvrais en même temps que je le lisais. La position était excitante, croupe levée, sexe offert, tes coups et tes caresses cinglants et émouvants. Mon ton, ma respiration, mon phrasé, mon scandé, suivaient le rythme que tu leur insufflaient avec tes traitements. J'étais l'actrice de tes désirs, sans même m'en rendre compte. Et le texte, qui correspondait tellement à ce que j'étais en train de vivre, et qui me donnait des ailes. Des ailes telles que n'écoutant que mon con (implorant) au lieu de ton son (menaçant), j'ai laissé tomber la lecture pour me donner le dernier coup de pouce (en fait l'index et le majeur réunis) à un plaisir qui ne demandait qu'à jaillir. J'ai joui, comme une étoile de mer, des membres partout, avant de me rouler en boule pour enfermer un peu cette jouissance, l'emprisonner dans mon corps, ne pas la laisser devenir souvenir trop vite.


    As-tu été ému par mon orgasme ? Tu ne l'as pas laissé voir. Saisissant les liens et mes chevilles, tu m'as laissée dans la même position, mais tu y as attaché mes poignets. Puis tu a fais de même avec mon buste collé contre mes cuisses. Tu as posé un genoux sur mes reins pour me forcer à cambrer. Et puis, la cravache dans une main et ton pied sur ma nuque, tu as exigé que je compte chacun des coups, jusqu'à cent.


    Quand après un temps qui m'a paru une éternité, quand ma lune n'avait plus rien d'une pleine pâleur mais de collines rougeoyantes jusque dans la nuit qui avait envahi l'appartement, quand j'ai cru que je pourrais enfin échapper à ta punition (un mot qui double le plaisir de la douleur), tu as trouvé que toutes ces lignes manquaient de taches et de panache.


    Alors, avec la boucle de ta ceinture, dans mes gémissements, tu as signé cette toile qui t'appartient. Et en suzerain, tu y as enfoncé l'épée.


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