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    Chapitre 1









    Elle déplia une fois encore la feuille imprimée, la relut avec application et un fois encore refit la check list dans sa tête. Elle était tellement fébrile qu'elle oubliait tout instantanément. Jamais elle n'avait cru que ce jour viendrait, et c'était tout à l'heure, dans quelques heures, sa vie basculerait, quelle que soit l'issue de la rencontre.



    Depuis deux mois elle échangeait plusieurs messages par jour avec cet inconnu. Des emails, mais aussi de longs dialogues en chat. Il avait toujours refusé qu'ils se parlent au téléphone, il n'avait même pas voulu obtenir sa photo, préférant retarder le choc de la découverte.



    Cela l'avait interloquée, alors que la plupart de ceux qui l'abordaient, parfois sans aucun respect, lui demandait d'appeler pour s'assurer que c'était une femme et désiraient une rencontre pour le soir même. Rien de tel avec Jean, il lui avait dit qu'il n'avait aucun doute, et que seule sa beauté de l'intérieur l'intéressait. C'était très séduisant et pas du tout crédible, mais déjà c'était un discours d'un niveau un peu plus élevé qu'à l'habitude. Et puis, à force de dialogues, elle avait été convaincue que son discours était réel. Il parlait de connaissance, de lumière, de guide, de la diriger et la mener vers elle même.



    Claire était devenue comme droguée à ces échanges, qui ponctuaient le rythme de sa vie. Et de plus en plus le manque lui était devenu insurmontable, et c'était elle qui avait insisté pour cette rencontre en réel. Enfin savoir si leurs regards se rencontraient, si elle était prête à s'abandonner totalement. Surtout savoir s'il avait envie d'elle, s'il ne la trouverait pas trop nulle pour lui.



     Mais là ce matin, elle regrettait, tellement elle avait peur que cette rencontre ne soit la fin de cet échange qui l'avait tellement remplie. Elle s'habilla le nez sur le papier pour être sure de ne rien oublier.



    Elle passa une main sur son sexe, l'enfonça entre ses jambes pour caresser son anus. Elle était totalement lisse, et imberbe. Elle aimait cette sensation et se demandait pourquoi elle ne le faisait jamais pour elle même. La veille elle était allée en institut pour un résultat impeccable, elle n'avait rien laissé passer à l'esthéticienne. Elle savait qu'il ne la regarderait pas ce jour là, mais elle obéissait à ses ordres, avec une joie qui l'exaltait. Pas de culotte, pas de soutien-gorge. Elle n'avait pas de corset, pas encore, aussi lui avait il demandé de mettre son serre taille noir, avec des bas. Par dessus une jupe noire courte, toute simple, s'arrêtant une dizaine de centimètres au-dessus du genou, un chemisier blanc ample, les cheveux attachés serrés et remontés pour bien dégager sa nuque. Pas de parfum, pas de maquillage, aucun bijou. Vierge. Il la voulait vierge de tout artifice. Elle sorti avec appréhension ses chaussures. Elle les avait achetées il y a deux ans quand la mode était aux hauts talons. Elle n'avait jamais osé les mettre. Il avait ri de la taille des talons, 8 centimètres, qu'elle trouvait incroyablement hauts. Saurait-elle marcher avec? Elle eut le sentiment de monter sur une marche en les enfilant. Après avoir vérifié qu'elle avait scrupuleusement suivi la liste des choses à faire, elle enfila son imperméable pour se dépêcher de se rendre à son travail. Elle redoutait le regard de ses collègues, c'est certain que les commérages iront bon train, mais elle n'y pouvait rien. Le corsage était translucide et tous sauraient qu'elle n'avait pas de soutien-gorge, et ses chaussures feraient jaser. Elle était sure qu'il l'avait fait pour cela aujourd'hui, pour la forcer à s'assumer ainsi.



    Mais qu'elle était stressée ! Ah oui !!!!!



    Qu'elle pense à ne jamais se pencher en avant pour ne pas montrer ses bas...




    Auteur inconnu

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    Je te frapperai sans colère
    Et sans haine, comme un boucher,
    Comme Moïse le rocher!
    Et je ferai de ta paupière,



    Pour abreuver mon Sahara,
    Jaillir les eaux de la souffrance.
    Mon désir gonflé d'espérance
    Sur tes pleurs salés nagera



    Comme un vaisseau qui prend le large,
    Et dans mon cœur qu'ils soûleront
    Tes chers sanglots retentiront
    Comme un tambour qui bat la charge!



    Ne suis-je pas un faux accord
    Dans la divine symphonie,
    Grâce à la vorace ironie
    Qui me secoue et qui me mord?



    Elle est dans ma voix, la criarde!
    C'est tout mon sang, ce poison noir!
    Je suis le sinistre miroir
    Où la mégère se regarde.



    Je suis la plaie et le couteau!
    Je suis le soufflet et la joue,
    Je suis les membres et la roue,
    Et la victime et le bourreau!



    Je suis de mon cœur le vampire,
    Un de ces grands abandonnés
    Au rire éternel condamnés
    Et qui ne peuvent plus sourire!



     



     



    Ecrit le 10 Mai 1857 par Charles BAUDELAIRE (1821-1867)
    (Recueil : Les fleurs du mal/Spleen et idéal)



    P.S. : Héautontimorouménos est un mot que le poète Térence a inventé. Il signifie le bourreau de soi-même.


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