• Il est cinq heures.. Paris s'éveille....
    Elle aussi, lentement, tout doucement, bercée par la chaleur de leurs corps assoupis et de ses rêves.


    Tout est noir dehors, silencieux.. a ses cotés, de l'autre coté, il respire fort, régulierement, immobile, si profondément. Elle s'enfonce davantage sous la moiteur de leur sommeil, et tel un rêve éveillé, les images défilent, délicieusement..


    Elle a le temps, elle est si bien.... le réveil sonnera a six heures et demi.....


    Quelques heures plus tôt.....Inexplicablement, il était devenu immédiatement comme une deuxième peau, soyeux, brillant, caressant de douceur, chaud comme ses mains.


    Il se refermait sur ses chairs, rassurant, protègeant, enveloppant, comme un gant épouse une main, une chaussure sur mesure un pied.


    Ses doigts frolèrent son échine, quelques traces de peau, ses gestes secs fixèrent les lacets, et tout le buste, le corps, sauta, tressauta, chancelant, dansant, deja..


    Ses effleurements si légers, la concentration de son regard, l'intimité de ce petit réduit encombré, ce miroir magique ou l'image se dessine, son souffle sur sa nuque, la soie des bas lentement réajustés, chaque geste prend sa place, naturellement, comme dans une piece mille fois répétée, comme le soleil eclaboussant la mer a l'aurore, comme le chant des oiseaux annoncant l'aube.


    Prisonnière d'exception de son satin libérant par magie les entraves acquises, elle contempla avec ravissement la douce chaleur qui irradiait ses entrailles, réajusta le cuir au gode bien planté dans sa chatte furieusement juteuse, ferma les yeux un instant, et s'envola, encarcannée de sa marque, en pays inconnu...


    Ils s'en allèrent, elle, blottie a son bras, souriants du joug subtil qu'il venait de lui poser . L'enchantement commencait...


    Comment si peu de chose peut émouvoir, transformer, lier, plonger dans l'irréel, si réel?


    Où  se niche ce pouvoir de délice charnel, né d'une simple étoffe devenue vivante, empreinte de leurs desirs?


    Quels sont donc ce bien-être dans l'inconfort, cette confusion dans le détail, cette liberté dans sa contrainte?


    Les bruits, les gens,l'agitation trépidante de la ville, rien ne les atteignait.


    Ils dégustaient tout, a leur rythme, les mets légers et délicieux, les décors simples et rutilants, les rues calmes et encombrées, les vins lourds et épicés, les fleurs du parc, le thé brûlant, le goût du tabac.


    Elle, droite, cotonneuse d'étouffement, ruisselante...lui, calme, l'esprit bouillonnant, émoustillé et fier de son embarras.


    A leur habitude, tout glissait, calmement, petits mots, gestes simples, tout et rien, regards entendus, temps suspendu, sourires de douceur, allusions électriques.


    C'était étrange pour elle, inexplicable, à la fois serein et sauvage, fort et doux, froid et chaud, réservé et fusionnel. Elle etait bien.


    Tac tac tac, les talons résonnent sur les paves, vent glacial et pénétrant, ambiance feutree, tourbillonnante, tout est si chaud, si calme, si bon..


    Tel un volcan paisible et endormi qui, tout à coup, gronde et explose, le trouble les gagne peu à peu, comme ça, sans crier gare, et la lave coule...


    Elle ne sait plus comment il l'a prise, ici et là, le parking, l'ascenceur, la rue, la voiture, par terre, debout, partout, avec ses doigts, le gode, sa queue.


    Elle, léchant, sucant, affamée de sa verge éclatante, tortillée et ondulante de son ardeur, gémissante et criante sous les coups de volants incertains, sa bitte tressautante, calée voluptueusement dans la gorge, langue tournante.


    Ballet interminable de leurs sens, toujours plongé dans la fureur de son souffle court, de ses regards, de ses envies, de ses mains bien calées sur les hanches dessinées...Encore et encore, mouillant au-delà de ce latex fouillant, de sa taille suffocante, les seins écrasés, rebondis, chatte obscène, gonflée de mouille, libérée pour être mieux pénétrée, fouillée, explorée, comblée, martelée.


    Sa chienne, sa machine a jouir, a crier, a trembler. Sa chienne lubrique dont il dispose et se plait a regarder, entendre et sentir, à branler, défoncer et faire jouir.


    Tourbillon incessant de plaisirs lubriques, de jouissances profondes, vibrant de leurs envies délirantes, de sa queue dure et gonflée, chaude et douce, caressante et pénétrante, de sa chatte coulante, gourmande, odorante et éclaboussante. Tout s'emmêle, s'entremêle se démêle.


    Leurs frémissements font vibrer les murs blancs, rougir les roses dans le vase bleu, glisser le cuir vert, étinceller leurs pulsions, jouir leurs instincts.


    Tout s'enchaine, explose, bain d'erotisme, de luxure et d'animalite, sur la peau devenue satin, le satin devenu peau.


    Le bleu de son regard se fond dans l'azur de son abandon, l'éclat diabolique de ses yeux et de son sourire l'emportent dans son appartenance..


    A chaque tempête, sa mer d'huile, parfumée, sucrée, salée, délicieuse, a l'infini. Les vagues à nouveau déferlent, gonflent, explosent et se fracassent, et puis s'ecrasent, doucement, léchant , sensuelles, le rivage.


    Lever, zenith, coucher, il n'y a plus d'heure, plus de jour, plus de nuit. Que le mélange de salive, de jus et de sève, de cris et de râles, de leurs corps suants, en quête de plus, plus loin, dans la folle farandole de leurs folies.


    Tout est prêt, ils s'en vont dans la nuit, promesse de surprises, découvertes, inconnu, imprévu.


    Il la prépare, vite, en cachette, ses doigts sont fébriles mais les gestes précis, rapides, experts. Ses yeux petillent, ca lui plait.


    Bras entraves, corps ficelé, cuir en croix, chevilles ornées de bracelets, collier, laisse, gode bien enfoncé, bouche rouge, gourmande.


    Il regarde, satisfait, lui sourit, lui dit qu'elle est belle, pose le masque, ses yeux y brillent.


    Elle se regarde une derniere fois, elle aime ce qu'elle voit... pose sa main dans la sienne, confiante.


    Elle ne voit rien, quelques personnes, les yeux au sol, elle mouille, tremble, exhulte en meme temps, se demande tout à coup ce qu elle fait la, dans ce lieu perdu, coincée, entravée, déguisée, pour son plaisir àlui, plaisir d'exhiber son trophée, pour son plaisir à elle, plaisir d'être son trophée...


    Elle se redresse, droite et fière, les regarde finalement tous, un à un, droit dans les yeux, sourire aux lèvres et voit l'effet dans leurs regards. Elle se sent soudain belle, desirable, brillante sous les bougies, sous les voutes, belle et fière qu'il la tienne en laisse, sienne, chienne.


    Il lui fait visiter les étages, comme on visite une villa temoin, voici la cage, la croix, la table...elle s'affolle, ses pensées se brouillent, elle s'y voit, ne demande rien, le suit.


    Tout va très vite, il lui parle d'anneaux au plafond, elle rit incrédule, lui aussi mais sûr de lui, sûr d'elle. Sa seule réponse est une attache entre les chevilles.


    Tic tac tic tac a tous petits pas.


    Elle n'est plus rien, qu'une chose qu'il traine en laisse, qui ne peut marcher, bouger, sautillant, ridicule et belle, honteuse et pourtant étrangement si bien.


    La laisse passe dans un anneau, la voila exposée a la vue de tous, tête légèrement relevée, tirée par la laisse.


    Elle les regarde a nouveau un a un, serrant les cuisses pour cacher le gode, comme si le reste ne comptait pas, le gode c'est son secret.


    Sa chatte remplie, c'est son plaisir. Son plaisir a lui, son plaisir a elle. Regards complices, rassurants.


    Elle contracte ses muscles , sent sa mouille inondant le cuir. C'est chaud, c'est bon.


    Pour un peu, elle éclaterait de rire de le garder bien au chaud, àl'insu de tous, présence secrete de son désir d'elle.


    Elle pend, poupée a la fois ridicule et appétissante, bandante et magnifique diront-ils, image de son pouvoir sur elle, chose articulée et vivante, coincée et ondulante .


    Face à elle, à deux pas, une femme aux jambes écartées, robe relevée, obscène, chatte sombre, poilue. L'homme, a ses cotes, lui astique de sa cravache les seins sous la robe, l'air morose,en regardant intensément cette poupée vivante.


    Il en bande, elle le voit, le sait.


    Frustration.


    Elle pensait rester la, attachee, fière, couvée de ses regards de lui, fier d'elle. Très vite, elle se sentit à l'aise à pavaner, à lire l'étonnement, le desir dans leurs yeux...


    Elle finissait par s'y trouver bien, a apprécier vicieusement d' être regardée, coups d'oeil lubriques des hommes, étonnés des femmes, admiratifs de tous. Elle se plait meme à tourner, un peu a gauche, un peu à droite, pour bien leur montrer tout ce corps fier de sa nouvelle peau, arrogant de sa taille pincée, de ses hanches marquées, de ses seins débordants, de cette chair disponible..


    Un peu les fesses, jeux de jambes, buste en avant, yeux de velours, sourire engageant. Elle fait son show, le rôle lui plait.


    Il revient avec une corde, lui attache au plafond ses bras deja entravés dans le dos.


    Tout bascule, tout chavire, les seins explosent, les reins se creusent, le cul ressort. Elle n'ose plus se regarder dans le miroir. Elle ne peut plus bouger, elle tire à gauche, le cou s'étrangle, elle tire à droite, ses bras l' écartèlent. Elle ne sourit plus, elle tremble de honte de sa pose, de ses pensées lubriques, de sa frustration de ne pas etre prise, là, tout de suite, fort, de sa queue magnifique.


    Elle le regarde, il la regarde. Il semble content de lui. Il contemple sa poupée suspendue en sirotant son whisky, fumant sa cigarette, ravi, souriant.


    Elle voudrait tant qu'il vienne, membre gonflé surgissant de la braguette, qu'il s'enfonce dans sa bouche, qu'elle le lèche et le suce devant eux tous, que le temps s'arrête, qu'il la renverse, la prenne, elle, sa chienne.


    Elle en jouit presque en y pensant.


    Frustration.


    Il s'approche, enfin, va la libérer, l'emmener, l'entourer, la rhabiller, la combler.


    Finie la representation, la soiree est terminee.. Rideau baissé... Au revoir M'ssieursdames....pense t-elle...


    Son sourire l'encourage dans ses envies de lui, elle, sa chose, son pantin, prête a tout, sublimation de son désir de lui, de son désir d'elle.


    Il s'approche, tout près, elle sent son souffle, son odeur. Il lui parle doucement et ses mains chaudes se posent sur ses seins, les sortent du carcan soyeux, ses doigts pressent les bouts, elle murmure...non non, pas devant tout le monde !


    Mais les gestes sont précis, il la connait si bien. Il insiste, plus fort, plus vite. Ses seins bandent sous ses doigts précis. Elle ne peut résister, c'est trop bon, elle se contracte sur le gode , il la regarde droit dans les yeux, Il veut qu'elle jouisse la, de toute sa voix, de toute son impudeur, que toute la sève de son ventre s'écoule, qu elle leur montre l'emprise qu'il a sur elle, rien que du bout de ses doigts, de son regard sur elle...


    Elle se défend, un peu, et se tortille, s'étrangle, gémit, crie, supplie, jouit, delicieusement,honteusement.


    Il la laisse, pantelante, chancelante, humiliée, prisonnière de son plaisir, baveuse d'envies. Elle ne regarde plus personne, elle a senti leurs regards sur son corps gigotant, étranglé, jouissant. Elle en a joui plus vite, plus fort, plus profondement. Paradoxe de plaisir.


    Le spectacle est compris dans le prix Messieurs Dames, bandez, mouillez, regardez-la, elle aime ca. En voulez-vous encore?


    Frustration.


    Marionette noire et chancelante, elle le suit. Elle s agenouille pres de lui, ca fait partie du jeu..Quel jeu?...


    Un verre, une cigarette, elle n'ose meme pas imaginer ce qui pourrait arriver.


    Elle se fait toute petite, presqu'impersonnelle, elle aimerait etre toute en noir, longue robe, emmitouflée, invisible, inexistante, fondue dans le decor.. elle ne peut plus affronter leurs regards, leurs envies, leur échauffement.


    Elle est au-dela de sa honte, elle baisse les yeux, la tête.


    Les étages, à nouveau, tic tac tic tac, les petits pas, les marches infranchissables, comme une automate.


    Les corps exposés, denudes, culs offerts, fesses fouettées, seins sucés, chattes et queues léchées, branlées, tout se brouille sous ses yeux.


    Il la branle devant eux, encore et encore, ici et la. Il enfonce le gode une fois, dix fois, vingt fois, la bourrant de sa force, ses doigts glissent dans les jus, elle ne sait plus, glisse contre le mur, étouffe ses cris qu elle ne peut retenir, submergée de honte, l'implorant de ses yeux d'arreter, de s'eclipser.


    Il rit, gentiement, continue, la force à feuler et exploser sous leurs yeux, à couler sous sa main.


    Elle jouit honteusement avec délice, s'inondant de son sourire satisfait, magie cotonneuse de son pouvoir sur elle.


    Elle n'est plus que sa frustration sautillante, son objet désirant, sa poupée jouissante, sa chose vivante.


    Sa chienne, machine à jouir...


    Et puis à genoux,à quatre pattes, les mains qui fouillent, pincent, fessent, ses mains, c'est bon...Et puis les mains de l'autre, mechantes, grincantes, qui lui tordent le sein gauche sous une voix douce et controlée, qui enfoncent sans vergogne ses doigts dans son cul qui se ferme.


    Elle supplie qu'il s'arrête, elle le regarde sur le coté de son masque...NON ! NON ! NON !.


    L'homme continue, elle pleure, en silence, tête baissée, il n'entend pas ses demandes, il avait pourtant promis, elle ne comprend pas.


    Plus elle dit non, plus l'homme continue, ses doigts heurtant le gode, s'acharnant sur le clitoris disponible, pincant, rude, brutal.


    Il dit a l'homme...elle a un gode dans la chatte....L'homme continue..


    Elle n'en croit pas ses oreilles....L'homme propose de s'acharner sur elle, sur la table...Visions d'enfer. Ténèbres.


    Voile noir, seule au monde, a subir, sans plaisir, juste rien, elle n'est plus rien, que des trous, de la chair, de la mouille, moins qu'une pute, seule.


    Cela se prolonge pendant longtemps, trop longtemps, elle se défend, devient hargneuse.


    Finalement, il semble comprendre, demande a l'homme d arrêter, la relève, la prend dans ses bras, la rassure.


    Elle veut juste le mordre, partir, rentrer, s'évanouir dans la nuit noire, trouver refuge, se laver, oublier.


    Son épaule est ferme, ses mains chaudes, son corps solide, ses mots doux, ses baisers tendres.


    Elle se calme, il s'excuse, le lien a presque cassé, fragile, ténu, prêt à se rompre. Elle ne peut rien dire.


    Elle ravale son humiliation, humiliée, souillée. L'homme s'en va, enfin.


    Ils n'ont pas besoin de mots pour expliquer. Mysterieusement, ils se retrouvent, se fondent a nouveau, c'est bon, c'est chaud.


    Les mots, c'est pour après, quand tout s'apaise, se civilise, rentre dans l'ordre, celui de l'autre cote du miroir.


    Tendre symbiose, alchimie des corps et des esprits, instincts mêlés de subtilités et de sueurs, ils retrouvent leur univers etrange, gorgés d'eux-memes, de leur bien-être, de leur sexes embrasés et des désirs fous du fond de leurs delires.


    Parenthèse.


    Spectacle de bougies, inouï d'ombres et de lumières, cris brefs et lugubres, fascinant d'audace brûlante, inquiétant d'inconscience.


    Il regarde intensément, subjugue, étonné, mettant en gardes, presque revolté.


    Un couple s'approche, la femme, a moitié nue, comme dans ce club parisien, passe son chemin sans un regard, monte a l'étage.


    L'homme s'arrête, hésite, la laisse aller. Situation grottesque, l'homme ne résiste pas, se plante devant eux, s'assied, plante ses doigts dans sa chatte trempée, apprecie, prêt à plus, il n'attend qu'un mot, l'homme a deja oublié celle qu'il suivait.


    Il gagne au change.... Son haleine pue l'alcool. Elle dit non, merci. Il ne veut pas que cet homme la touche.


    Un autre vient demander poliment qu'elle vienne lécher la chatte sombre de sa femme.


    Elle dit non, merci, poliment. Pas celle-la.


    Il ne peut s'empecher de la toucher, tendrement, l'épaule, le cou, les fesses...de la combler de ses doigts, appreciant les jus qui giclent.


    Elle doit garder les deux verres en main, chavire, gémissante, tout s'embrase, tout explose, tout vacille.


    Il lui offre sa queue, toujours si dure, si gonflee, manège incessant de leurs sexes desirants .


    Elle leche, suce, aspire, se repait, s'abreuve et se nourrit. Elle scrute toujours son regard, sa langue tournant sur le gland, elle y lit toujours l'envie de plus...


    Alors, d'un coup, elle l'engloutit au plus profond de sa gorge, jusqu'à l'étouffement, ferme les yeux, et tout tourne, enchantement divin, le gode surnageant, noye, baveux, degoulinant. Elle se remplit de lui...sa bouche à pipe...


    Elle ondule. Bougies coulantes, frissonnantes.


    Tout le monde regarde, elle ne voit plus, ne sait plus, les ignore.. le tourbillon magique s'est emballé. Les étincelles brillent. Plus rien ne compte que sa queue toujours plus profondément enfoncée dans sa gorge. Les coups de boutoirs dans sa bouche écartelée..;et encore son plaisir à elle au moment de son plaisir à lui....sasève qu'elle avale gouluement sans en perdre une goutte...nectar divin...


    Comme ils sont venus, ils sont repartis, souriants, complices, frémissants de tous leurs sens, submergés d'émotions..Ils reviendront..


    Leurs délires continuent, enfouis dans le firmament, caressés par les étoiles, explosants au vent, bercés par leurs pas...


    Le réveil sonne, il se tourne lentement vers elle... elle se laisse glisser contre lui, douce et chaude....


    Auteur : inconnu




     


    Photo Arne Jahn


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  • Viens sur mon coeur, âme cruelle et sourde
    Tigre adoré, monstre aux airs indolents ;
    Je veux longtemps plonger mes doigts tremblant
    Dans l'épaisseur de ta crinière lourde ; 
    Dans tes jupons remplis de ton parfum
    Ensevelir ma tête endolorie,
    Et respirer, comme une fleur flétrie, 
    Le doux relent de mon amour défunt. 
    Je veux dormir ! dormir plutôt que vivre, 
    Dans un sommeil aussi doux que la mort,
    J'étalerai mes baisers sans remords
    Sur ton beau corps poli comme le cuivre.
    Pour engloutir mes sanglots apaisés
    Rien ne me vaut l'abîme de ta couche ;
    L'oubli puissant habite sur ta bouche,
    Et le Léthé coule dans tes baisers. 
    A mon destin, désormais mon délice, 
    J'obéirai comme un prédestiné ;
    Martyr docile, innocent condamné, 
    Dont la ferveur attise le supplice, 
    Je sucerai pour noyer ma rancœur, 
    Le népenthès et la bonne ciguë 
    Aux bouts charmants de cette gorge aiguë,
    Qui n'a jamais emprisonné de cœur.


      Les fleurs du mal (extrait)




     Charles BAUDELAIRE (1821 - 1867)



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  •  


    Dîtes moi d'où vient ce phénomène qui mène tout droit à l'impasse
    Qu'est-ce qui se passe, je vois plus les traces, je reconnais plus mon espace
    Espacez-vous, écartez-vous, dîtes moi où est la lumière
    J'ai besoin d'aide encore une fois et ce sera pas la dernière
    Je ne vois plus où je mets les pieds, ne me dîtes pas que c'est normal
    Tout ce que je respire est inquiet, je sais plus ce qu'est bien et ce qu'est mal
    C'est la pénombre qui règne comme si le soleil était mort-né
    Messieurs Dames aujourd'hui, il a fait nuit toute la journée
    Je n'ai pas senti de chaleur s'épanouir au-dessus de nos têtes
    Je n'ai vu aucune lueur venir frapper à nos fenêtres
    Je ne sais pas si je dois attendre que la nuit se lève ou que le jour tombe
    Mais depuis 24 heures, il fait nuit comme dans une tombe
    Je vois plus les oiseaux s'envoler, tous ces petits trucs qui m'émerveillent
    Je sens plus les nuages s'enrouler, le soleil a perdu son réveil
    Si ça se trouve c'est grave la terre s'est peut-être arrêtée de tourner
    Messieurs Dames aujourd'hui, il a fait nuit toute la journée
    Pourtant les gens autour de moi n'ont pas l'air d'être étonnés
    Comment ça se fait, réagissez mais arrêtez de déconner
    Suis-je le seul à me rendre compte de la hauteur du danger
    La lune nous nargue en plein midi ça n'a pas l'air de vous déranger
    Est-ce que ça se passe vraiment ou est-ce seulement dans mon cerveau
    Tout ça me paraît bien réel mais je ne sais plus ce que ça vaut
    Est-ce un voile devant mes yeux, est-ce qu'il fait nuit dans ma tête
    J'ai l'impression que le monde est vieux et qu'y a que moi que ça inquiète
    Est-ce le prix du quotidien et le poids de la lassitude
    Il a fait nuit toute la journée mais ce n'est plus une certitude
    Peut-être que tout va bien et que l'instant n'a rien de fatal
    Et qu'il y a simplement un peu trop de poussière dans mon mental
    Maintenant il faut que je me reprenne et que j'arrête mes histoires
    J'attends que le soleil se lève à nouveau dans mon espoir
    Mais je n'oublie pas qu'il est possible que ce soit l'hiver toute l'année
    Comme il se peut que ce jour là, il ait fait nuit toute la journée
    Le poète est un grand mytho qui s'invente des thèmes
    Pour faire rire, pour faire pleurer, pour qu'on lui dise je t'aime
    Pour un bon mot il est prêt à tout, le poète est un malade
    Ne le croyez pas surtout, il ne raconte que des salades
    Moi je me prends pour un poète parce que je rappe sans instru
    Il a fait nuit toute la journée, j'espère que vous ne m'avez pas cru
    Ce n'est qu'un thème de plus pour mentir impunément
    Je pense donc je suis, j'écris donc je mens
    Y'a plus de repères dans mes histoires et tout ce que je dis peut être factice
    Dans mon prochain texte, je vous ferai croire que je courre plus vite que Carl Lewis
    Mais attention, soyez prudents, car si jamais vous m'applaudissez
    C'est que ça vous plaît quand je mens... donc je vais sûrement recommencer


    (© Grand Corps Malade, 2005)


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  • Dans un petit jardin



    Pas plus grand qu'un bassin



     ou plutôt qu'une bassine



    Il y a une glycine



     Qui court sur la clôture



    Faite d'un long et vieux mur.








    Le jardin en friche



    Complètement s'en fiche.



    L'herbe monte aux genoux



    Au sol, les capucines



    S'emmêlent et se nouent



    Sur les pierres et les cailloux.







    Le jardin en prison



    Qui a pour horizon



    Et unique raison



    Les toits de deux maisons,



    Apreçoit les saisons,



    Le soleil vagabond




     










    Dans le soir rouge et brun



    Mon jardin sent le thym



    Et puis le romarin.



    On marche sur le plantain,



    On arrache quelques brins



    De ses feuilles satins.



     









    Farouchement, les roses



    Multicolores, s'éclosent.



    Des papillons s'y posent



    Longuement se reposent



    Puis s'en vont sur un lys



    En frôlant les iris.



     





    Il y a la verveine



    Soignant les maux et les peines,



    Dont la senteur des veines



    Imprègne de toute part



    De son parfum bizarre



    De citronelle rare.








    Un coin d'hortensias,



    Une bordure de thuyas



    Et de blancs pétunias



    Tendrement encombrent



    Un espace sombre



    Et noyé dans l'ombre.




     






     



    Sur une marche un lézard



     Venu à tout hasard,



    Rapidement inspecte



    Vite, en tournant la tête



    En cherchant les insectes



    Dont il se délecte.




     





    Enfin, loin de la ville



    Tout est calme et tranquille.



    Par les herbes, envahi,



    Sous le soleil qui rit,



    Le jardin s'assoupit



    Solitaire, insoumis




     






     



    Lumière des Ombres


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  •  



    Un jeune curé, très angoissé, est incapable de prononcer un seul mot le  jour
    de son premier sermon. Il va voir l'archevêque le lendemain et lui  demande
    quelques conseils, pour être à la hauteur, au sermon du dimanche  suivant.




    L'archevêque lui conseille de se verser quelques gouttes de vodka dans
    un grand verre d'eau pour se sentir pus détendu.

    Le dimanche suivant, le jeune prêtre suit le conseil et réussit à parler
    sans être paralysé par le trac.
    De retour à la sacristie, il trouve une lettre laissée par l'archevêque,
    ainsi rédigée.

     "Mon fils, la prochaine fois, mettez quelques gouttes de vodka dans un
     grand verre d'eau et non quelques gouttes d'eau dans un verre de vodka.
     D'autre part, je tiens à vous faire part des quelques observations
     suivantes, afin que vous puissiez améliorer encore un peu vos prochains
     prêches :

     1 - Il n'est nul besoin de mettre une rondelle de citron sur le bord du  calice.

     2 - Evitez de vous appuyer sur la statue de la Sainte Vierge et surtour, évitez de l'embrasser en la serrant étroitement dans vos bras.

     3 - Il y a 10 commandements et non pas 12

     4 - Les Apôtres étaient 12 et non pas 7, et aucun n'étaient nain

     5 - Nous ne parlons pas de Jésus Christ et des Apôtres comme de "JC & Co"

     6 - Nous ne nous référons pas à Judas comme à ce "fils de pute"

     7 - Vous ne devez pas parler du Pape en disant "Le Parrain"

     8 - Ben Laden n'a rien à voir avec la mort de Jésus

     9 - Les murailles qui se sont effondrées au septième jour ne se trouvaient
     pas à Mexico mais à Jericho

     10 - L'eau bénite est faite pour bénir et non pas pour se rafraîchir la nuque

     11 - Ne célébrez jamais la messe assis sur les marches de l'autel

     12 - Ponce Pilate a dit "vos histoires, je m'en lave les mains" et non "vos conneries je m'en bat les couilles"

     13 - Les hosties ne sont pas des gâteaux apéritifs à consommer avec le vin de messe

     14 - Les pêcheurs iront en enfer et non "se faire enculer chez les Papous"

     15 - L'initiative d'appeler les fidèles à danser était bonne, mais pas celle de faire la chenille dans toute l'église

     16 - L'homme assis près de l'autel et que vous avez qualifé de "vieux pédé"  et le "travelo en  jupe", c'était moi.

     Sincèrement, l'Archevêque,

     PS  : Jésus n'a pas été fusillé, mais crucifié


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