• Le goût du néant

    Le goût du néant


    Morne esprit, autrefois amoureux de la lutte,
    L'Espoir, dont l'éperon attisait ton ardeur,
    Ne veut plus t'enfourcher ! Couche-toi sans pudeur,
    Vieux cheval dont le pied à chaque obstacle butte.

    Résigne-toi, mon cœur ; dors ton sommeil de brute.

    Esprit vaincu, fourbu ! Pour toi, vieux maraudeur,
    L'amour n'a plus de goût, non plus que la dispute ;
    Adieu donc, chants du cuivre et soupirs de la flûte !
    Plaisirs, ne tentez plus un coeur sombre et boudeur !

    Le Printemps adorable a perdu son odeur !

    Et le Temps m'engloutit minute par minute,
    Comme la neige immense un corps pris de roideur ;
    Je contemple d'en haut le globe en sa rondeur
    Et je n'y cherche plus l'abri d'une cahute.

    Avalanche, veux-tu m'emporter dans ta chute ?


    Charles BAUDELAIRE (1821-1867) 
    (Recueil : Les fleurs du mal)


  • Commentaires

    1
    Vendredi 3 Novembre 2006 à 21:42
    bonsoir Lumière....
    ... j'espère que le néant ne pèsera pas trop... Je vus envoie toutes mes amitiés...
    2
    Vendredi 3 Novembre 2006 à 21:45
    merci
    toula
    3
    Mercredi 8 Novembre 2006 à 20:48
    le
    poète maudit en cet univers de maux et de mots. Merci pour la redécouverte de ce texte. Une envie de relire baudelaire....
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