• Acte I Scene I (Zopire, Phanor.)



    Zopire.
    Qui ? Moi, baisser les yeux devant ses faux prodiges !
    Moi, de ce fanatique encenser les prestiges !
    L' honorer dans la Mecque après l' avoir banni !
    Non. Que des justes dieux Zopire soit puni
    si tu vois cette main, jusqu' ici libre et pure,
    caresser la révolte et flatter l' imposture !



    Phanor.
    Nous chérissons en vous ce zèle paternel
    du chef auguste et saint du sénat d' Ismaël ;
    mais ce zèle est funeste ; et tant de résistance,
    sans lasser Mahomet, irrite sa vengeance.
    Contre ses attentats vous pouviez autrefois
    lever impunément le fer sacré des lois,
    et des embrasements d' une guerre immortelle
    étouffer sous vos pieds la première étincelle.
    Mahomet citoyen ne parut à vos yeux
    qu' un novateur obscur, un vil séditieux :
    aujourd' hui, c' est un prince ; il triomphe, il
    domine ;imposteur à la Mecque, et prophète à Médine,
    il sait faire adorer à trente nations
    tous ces mêmes forfaits qu' ici nous détestons.


     


    Voltaire


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  • C'est l'image qui me vient quand je lis la betise et la méchanceté gratuite sur certains bloggs. La solitude, le néant, la jalousie, la rancoeur.... pauvre monde

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  • Je suis une poupée
    En son et porcelaine
    Aux boucles platinées,
    Aux yeux bleus de Sèvres
    Du rose colore mes lèvres,
    Souriante, montrant deux dents.
    J'ai une robe de laine
    Et dessus un col blanc.


    Un doux soir de ¨Noël,
    On m'a mise pliée
    Sur un joli soulier,
    Rutilant et verni,
    D'une fillette ravie
    Et vêtue de dentelle.
    Près d'un petit garçon
    QUi regardait sans façon.


    Il ouvrit son cadeau,
    L'objet tant convoité,
    Une superbe auto.
    Il semblait étonné.
    Les deux jeunes enfants
    Dans un immense élan,
    Embrassèrent leurs parents
    Qui les avaient tant gâtés.


    Encore émerveillés
    De la chaude veillée
    Les enfant s'endormirent
    Dans un profond soupir.
    Puis la nuit finissante
    Me vit toute frémissante
    Prise dans un bras câlin
    A la peau de satin.


    J'aimais cette maman.
    Elle fredonnait des chants.
    Sans cesse en babillant
    Elle changeait mes vêtements.
    Elle disait des mots tendres
    Que je pouvais comprendre.
    Elle ne le savait pas
    Ne le devinait pas.


    Un jour avec son frère,
    Tous deux se disputèrent.
    Ils étaient en colère
    Pour rien , une chimère.
    M'attrapant par les bras
    On me désarticula,
    On me jeta par terre,
    Je volais en éclat.


    Le nez dans la poussière
    Les deux jambres en croix,
    Devant tant de dégâts,
    Les enfants restèrent
    Subitement sans voix.
    Un de mes yeux de verre
    D'un air étonné
    Luisait à leurs pieds.


    J'étais éparpillée.
    On a bien éssayé
    Bien sûr de me réparer,
    De me rafistoler,
    Collant ma tête brisée.
    J'étais défigurée
    Et pourtant dans mon corps
    Mon coeur battait encore.


    Mon visage fissuré
    Attendait les baisers.
    Toute endolorie,
    Sévèrement enlaidie,
    Raide, je tendais les mains
    Pour calmer un chagrin.
    L'enfant m'a dédaignée
    Puis vite, m'a oubliée.


    Tout au fond d'un placard
    Dans le silence, le noir
    Je vis dans le désespoir
    De ne pas la revoir.
    Si elle n'était pas belle,
    Sans aucune dentelle,
    Je l'aimerais quand même
    Comme je voudrais qu'elle m'aime.


    Je suis une poupée
    En son et porcelaine
    Aux boucles platinées,
    Aux yeux bleus de Sèvres
    Du rose colore mes lèvres,
    Souriante, montrant deux dents.
    J'ai une robe de laine
    Et dessus un col blanc.


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